Le Nigeria pourrait-il être un nouveau Rwanda ? La réponse d’un rapport sur les violences contre les chrétiens
« Le génocide rwandais a d’abord été qualifié de ‘conflit entre agriculteurs et éleveurs’, et regardez ce qu’il est devenu. Le Rwanda a la taille d’un État nigérian. Le monde ne pourra pas faire face aux conséquences. »
« Un génocide est-il en train de se dérouler au Nigeria ? » Telle est la question que relaye la baronne Cox, présidente fondatrice de Humanitarian Aid Relief Trust (HART), dans son préambule au dernier rapport de son organisation.
Baroness Cox releases report on #Nigeria after recent visit, "As the world’s attention turns to Ukraine, we must not forget the suffering of Nigerians." https://t.co/rLNxxJlK0O pic.twitter.com/jOUiT2ZF0B
— Jubilee Campaign USA (@JubileeC) March 21, 2022
La membre de la Chambre des Lords britannique nous appelle à tourner les yeux vers le Nigeria. « Alors que l’attention du monde se tourne vers l’Ukraine, nous ne devons pas oublier la souffrance des Nigérians », affirme-t-elle.
« Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées ou blessées dans d’horribles attentats terroristes. Des millions de personnes sont déplacées. Les enfants ne peuvent pas aller à l’école, au détriment de leur éducation. Certains observateurs locaux sont allés jusqu’à décrire la montée des attaques comme une campagne de nettoyage ethno-religieux. Beaucoup se posent la question : un génocide est-il en train de se dérouler au Nigeria ? »
Selon elle, si le « règne de terreur infligé par Boko Haram et l’État islamique dans la province de l’Afrique de l’Ouest (ISWAP) est bien documenté », il n’en est pas de même pour « l’escalade des attaques des milices islamistes peuls contre les communautés à majorité chrétienne dans la Middle Belt ».
« Malgré l’ampleur et la nature de la violence, elle fait rarement la une des journaux. La crise reste hors de vue des médias du monde. »
Le rapport rend compte de la visite conjointe au Nigeria de trois organisations, Humanitarian Aid Relief Trust (HART), International Organisation for Peace Building and Social Justice UK (PSJ-UK) and Christian Solidarity International (CSI). Les membres de ces organisations ont pu rencontrer des survivants, mais aussi des défenseurs de ces populations.
Selon le rapport, « de nombreux militants et dirigeants internationaux sur le terrain dans la Middle Belt utilisent le mot ‘génocide’ pour décrire les attaques contre leurs communautés ». Parmi eux, l’avocat des droits de l’homme Emmanuel Ogebe, qui représente Justice for Jos. Ce dernier compare la situation du Nigeria, à celle vécue autrefois par le Rwanda.
« Personne n’est tenu responsable des atrocités. Nous répétons le même livre de jeu que le Rwanda. Nous suivons le même chemin. Nous nous dirigeons vers le point de rupture. Je ne sais plus comment souligner l’urgence. Le génocide rwandais a d’abord été qualifié de ‘conflit entre agriculteurs et éleveurs’, et regardez ce qu’il est devenu. Le Rwanda a la taille d’un État nigérian. Le monde ne pourra pas faire face aux conséquences. »
La baronne Cox l’affirme, « leur sort mérite notre solidarité inébranlable, notre intérêt médiatique constant et une réponse humanitaire immédiate ».
« Mon appel urgent est que nous ne fassions plus la sourde oreille à la souffrance des Nigérians, y compris les familles, les veuves et les orphelins déplacés dans la Middle Belt. »
M.C.